"C'est l'histoire d'une ville, c'est l'histoire d'un bibliothécaire, c'est l'histoire d'un incendie. Je séjournais dans la ville, j'enquêtais sur l'incendie, j'étais persuadé que le bibliothécaire pouvait m'aider à faire arrêter un malfrat. J'avais pas loin de treize ans et j'avais faux. Faux sur toute la ligne. J'aurais dû me demander : «Pourquoi ravager un bâtiment quand c'en est un autre, en réalité, qu'on voulait détruire ?» Au lieu de quoi, je me suis posé la mauvaise question - quatre mauvaises questions au bas mot. Ce qui suit est le rapport détaillé de la troisième. Tout commence par un matin pénible dans une bibliothèque géniale. Ce qu'il y avait de pénible, c'était la chaleur, une fournaise intolérable. Depuis trois jours, le soleil piquait sa crise, les ombres ne savaient plus où se mettre, et les trottoirs de Salencres-sur-Mer, où je séjournais alors, étaient proprement infréquentables, du moins pour un honnête citoyen. Avec sa fraîcheur silencieuse, la bibliothèque municipale semblait le seul endroit décent où entamer la journée."