Quatre des chorégraphes les plus innovants de Suède (Alexander Ekman, Pontus Lidberg, Pär Isberg et Joakim Stephenson) partent en pélerinage sur l'ile de Faro, lieu de résidence d'Ingmar Bergman. Il en résulte un film de danse original, à la fois hommage aux techniques et à l'esthétique cinématographiques du réalisateur, mais aussi prolongement de son travail sur l'ineffable, de sa réflexion sur la poèsie visuelle du mouvement, et sur les pouvoirs émotionnels de la contemplation. Cinéaste, Ingmar Bergman était aussi d'une certaine façon chorégraphe. Dans ses films, et dans son œuvre dramatique, le raffinement de son langage chorégraphique est palpable : dans la beauté d'un mouvement de tête, de bras, dans un battement de cil. Une façon de révéler le gouffre abyssal qui sépare parfois des êtres que l'on aurait cru intimes, ce qui constitue la matière même de son cinéma. Sa « main invisible » entraine constamment les acteurs dans une lente ronde à travers l'espace de son cadre. Car dans chacun des mouvements de chacune de ses chorégraphies, ce sont les non-dits qui sont exprimés. Les célèbres chorégraphes suédois Alexander Ekman, Pontus Lidberg, Pär Isberg et Joakim Stephenson, accompagnés par les danseurs Jenny Nilson, Nathalie Nordquist, Oscar Salomonsson et Nadja Serllrup, réinterprètent Ingmar Bergman au travers de quatre pièces chorégraphiques qui se veulent autant de réflexions sur les relations humaines et l'intensité des sentiments. Les passages dansés sont ponctués d'images de Faro, dans toute sa beauté naturelle et sauvage, de la résidence de Bergman, Hammars, et du cinéaste lui-même, développant sa réflexion autour du mouvement et de la musique. L'exceptionnel tour de force artistique des équipes impliquées dans ce film lui a valu le Prix Spécial du Golden Prague International Film Festival, où l'on a notamment remarqué l'excellence de la chorégraphie, la beauté de la lumière et un cadrage et montage de haut vol.